Les conclusions de mes expérimentations réalisées dans le cadre de ma libération dans la communauté de pratique en approches inclusives au Collège Bois-de-Boulogne, à la session automne 2022.
Mon intérêt pour rejoindre la communauté de pratique en pédagogie inclusive, à session d’automne 2022, vient premièrement d’une déformation professionnelle. Oeuvrant comme designer UX (expérience utilisateur en français), j’ai le réflexe de placer l’utilisateur au centre de ma démarche de création. J’adapte des produits numériques au plus grand nombre de personnes possible, peu importe le contexte d’utilisation ou leurs limitations, physiques ou cognitives. Mon intuition et ma démarche méthodologique me poussent à faire de même dans ma pratique d’enseignante au collégial.
J’ai été sensibilisée à la pédagogie et à des nouvelles approches lors de mes études en 2015 au PCPES à l’UQÀM. Lorsque je suis entrée en poste à l’automne 2021, j’ai revisité ce que j’ai pu apprendre et l’appliquer du mieux que je pouvais, mais je trouvais que je manquais d’exemples concrets de ce que je pouvais réaliser, surtout dans le cadre d’un programme technique. Mon invitation pour la communauté de pratique est tombé au bon moment.
Le programme où j’enseigne, soit la technique d’intégration multimédia, comporte des particularités propres qui ne sont pas nécessairement les mêmes que dans d’autres programmes au Collège:
1. Une grande diversité générale d’étudiants:
2. C'est également un jeune programme, puisqu’il a été mis en place en 2019. Certains cours manquent également de structure puisque ce n’est jamais le même enseignant qui a pu le donné, dans la courte histoire du DEC.
À travers toutes ces situations, j’ai décidé de me concentrer sur les enjeux de motivation et d’organisation des étudiants au programme. Plus concrètement, mes questionnements concernaient l'énoncé suivant:
Comment faire pour que les étudiants demeurent actifs chaque semaine lors de la réalisation du travail final sans tout faire à la dernière minute?
J’ai pu essayé diverses approches en réponse à ces questionnements dans le cours que j’enseignais à l’automne 2022, soit le cours de 3e session 582-3DE-BB - Expérience Utilisateur. Ce cours comporte une pondération d’une heure de théorie et 2 heures de travaux pratiques en classe, en plus de 2 heures à la maison. Ce cours se concentre sur les principes théoriques de l’expérience utilisateur et comment ça impacte les produits numériques, que ce soit dans la création web, de jeux vidéos ou d’expériences immersives. De plus, les étudiants se familiarisent avec la conception d’interfaces pour le web.
Comme premier essai, j’ai produit une liste de vérifications afin d’aider les étudiants à finaliser leur 2e travail à remettre. À la fin de chaque présentation de la théorie du cours, je plaçais une diapositive résumant les tâches minimales à accomplir pour sa réalisation. Je pense que cette liste a été bénéfique à plusieurs équipes puisque j’ai vu beaucoup d’étudiants travailler avec la liste sur un de leurs écrans. De plus, la réussite à cette remise a somme toute bien été, et peu d’étudiants ont perdus des points pour des éléments incomplets.
Lors de la correction, je partageais également un court vidéo explicatif, réalisé avec l’outil Loom, à chacune des équipes pour faire le tour de leur fichier et de montrer des exemples ce qui fonctionnait ou pas, en suivant la grille de correction. Ceci permettait de rentre le retour d’informations suite à la remise le plus précis possible (voir éléments ci-dessous).
J’ai réalisé un court sondage dans Teams la semaine suivant la remise afin de capturer certaines rétroactions concernant les outils mis en place pour cette remise. Malgré qu’une minorité d’étudiants ait répondu (7/33), j’ai tout de même reçu certains commentaires.
Suite à ce premier essai qui s’est avéré tout de même concluant, j’ai ajusté le déroulement de l’évaluation finale, qui est également un travail pratique en équipe. Les étudiants ont à réaliser, en équipe de 4, une proposition d’amélioration pour un produit numérique, généralement un site web ou une application mobile, au choix selon une liste de clients préétablis. Ils ont 4 semaines pour le réaliser et me présenter leurs propositions.
Puisque le cours est également ciblé pour l’initiation et l’intégration des pratiques de la méthodologie agile. Ces méthodes s’arriment bien à la responsabilisation des étudiants et au développement de leur autonomie puisque chaque équipe doit arriver à être autonome dans l'avancement de son travail, en impliquant chacun de ses membres sur différentes tâches. De plus, cela rend le projet très concret, puisque qu’elles sont privilégiées par l’industrie dans le développement de produits numériques. J’ai donc repris certains rituels agiles, comme le daily standup et le sprint planning, dans le déroulement du projet afin de structurer le tout. J’ai créé des gabarits pour que les étudiants s’approprient ces rencontres.
Cependant, cette deuxième version du travail n’a pas fonctionné comme prévu, et a été moins réussie que ce qui a été fait par les étudiants à l'automne 2021. Oui, les étudiants ont complété leurs tâches à chaque semaine tel que le gabarit le demandait, mais pour plusieurs, les éléments étaient faits sommairement ou tout simplement bâclés. Pour la prochaine itération, il vaudrait donc mieux définir le statut de complétion (Definition of done dans la méthodologie Agile), pour s'assurer qu'ils atteignent le minimum demandé et les pousser à peaufiner un peu plus leurs livrables.
Ces premières expérimentations de pratiques inclusives m’ont permis de me rendre compte que beaucoup de ses approches naissent tout d’abord dans de petits gestes simples pour l’enseignant, qui ne demande pas nécessairement plus d’efforts : fournir des listes à cocher, ses notes de cours, différents types de ressources autre que textuelles sur certains sujets vus en classe, etc.
Oui, certaines activités plus complexes demandent un peu plus de travail et de préparation en amont pour l’enseignant, mais mettent les étudiants directement dans l’action. Aussi, s’appuyer de contextes réels, surtout dans le cadre d’un programme technique comme TIM, les motivent et les intéressent grandement.
Finalement, d’échanger avec les étudiants sur comment ils voient leur apprentissage a été extrêmement enrichissant et m’a permis de tisser des liens durables avec certains d’entre eux.
Merci aux membres de la cohorte Automne 2022 pour les échanges, leur soutien et leurs rétroactions lors de nos rencontres.